Hier soir, c’est avec une profonde émotion que j’ai appris la mort de l’ancien Président Valéry Giscard d’Estaing, mêlée de gratitude pour le Président du progrès qu’il a été.
Gratitude envers un homme qui, durant près de vingt ans député du Puy de Dôme, et au cours de ses nombreux mandats électifs, n’a cessé de tracer une voie de progrès et d’humanisme.
Il est aisé évidemment de penser aux grandes réformes emblématiques de son septennat – l’accès à la contraception, au choix des femmes d’avoir accès à l’IVG, abaissement de la majorité à dix-huit ans – réformes capitales qui eurent de vives oppositions, dans un contexte social différent, et qui furent menées courageusement.
Il est moins évident, peut être, de se souvenir d’actes tout aussi fondateurs, comme la création du système monétaire européen (SME), prémices de ce que sera notre union monétaire.
En tant que députée, je retiens aussi, dans la grande lignée de ces réformes audacieuses et visionnaires, la possibilité de saisine du Conseil constitutionnel par les parlementaires, que Valéry Giscard d’Estaing, tout juste Président, met en oeuvre à travers sa révision constitutionnelle de 1974.
Mais comment omettre ce qui sans doute restera comme son plus grand accomplissement, et qui ne s’est pas traduit par un texte de loi. Ce geste, c’est celui de la réconciliation franco-allemande, celui d’une amitié courageuse, hardie, dans un temps où les plaies de la guerre étaient encore brulantes. Avec Helmut Schmidt, son homologue aux finances du temps où il est au gouvernement de Chaban-Delmas, Giscard d’Estaing met en place les jalons d’une réconciliation pérenne. De cette période, celle où il a ses bureaux dans l’aile Richelieu du Louvre, je retiens une scène rare tirée du documentaire de Depardon sur sa campagne de 1974. On y voit le futur Président, encore ministre des finances, attendre les résultats du second tour devant un petit poste de télévision placé dans son bureau. Ces quelques instants suffisent à nous graver l’image qu’on gardera de l’ancien maire de Chamalières. Celle d’une flegmatique élégance, d’un imperturbable sens du devoir.