Eu égard aux insincérités du budget de l’Etat 2017, nous avions demandé, conformément à ce que le Conseil constitutionnel avait préconisé en fin d’année dernière, une Loi de finances rectificative. Elle aurait permis d’ajuster le budget 2017, mais sur la base de vrais choix politiques et de priorités débattues à l’Assemblée, comme c’est en majeure partie le cas quand des décalages budgétaires sont trop importants.
Or, tel n’a pas été le choix du Président, qui face aux 8 milliards manquants cette année, a souhaité passer par décret d’annulation de crédits, par décision unilatérale.
Cette décision prévoit 4,5 milliards d’euros d’annulation de dépenses. Ce qui nous a fortement choqué en Commission des finances, et nous avions alerté le Ministre de l’Intérieur sur ce point, c’est que sur ces 4,5 milliards,1,5 milliard d’euros est économisé sur les budgets de la Défense, du Ministère de l’Intérieur et du Ministère de la justice.
Plus précisément, 850 millions d’euros d’économie sur le budget de la Défense qui se voit amputé de cette somme dédiée au matériel et à l’équipement de nos forces armées.
536 millions d’économie pour le Ministère de l’Intérieur, dont 250 millions sur la police et la gendarmerie (véhicules, matériel, etc.).
100 millions d’euros sur la justice, alors que les diagnostics montrent un état dégradé et une précarisation de notre justice.
Ces choix nous paraissent contraires aux intérêts et priorités actuelles de notre pays.
L’Armée ne manifeste jamais. Il est donc bien aisé de couper brutalement un budget pourtant ô combien stratégique et prioritaire pour notre sécurité, dans un contexte de risque élevé de terrorisme.
Je comprends pleinement la réaction du Chef d’Etat Major des Armées, auditionné par la Commission de la défense de l’Assemblée, qui face à cette situation et dans un contexte de sur-mobilisation des militaires depuis 2015, a fait part à la représentation nationale de sa crainte et sa non-compréhension à l’égard de cette décision.
Car c’est la sécurité de ses hommes et notre sécurité qui sont en jeu.
Une Loi de finances aurait permis de travailler sur des économies pertinentes, courageuses, mais éclairées, et non des économies « faciles », faites en partie sur des Ministères dont on connaît l’allégeance obligatoire face au Chef de l’Etat.
Le Chef d’Etat Major a eu le courage de dénoncer cette décision devant les députés, élus, qui représentent aussi les intérêts de la Nation, et il me semble qu’il eût été plus pertinent de tenir compte de ses attentes légitimes, plutôt que de le rappeler à l’ordre sur la forme.